« Jugez un homme par ses questions plutôt que par ses réponses. »
Cette citation attribuée à Voltaire prend tout son sens à l’ère de l’IA générative. Tel un Grand Œuvre alchimique des temps modernes, le prompt parfait se concocte en posant les bonnes questions. Imaginons un instant Galilée, Sherlock Holmes et Yoda co-écrivant un manuel, un mélange de rigueur scientifique, de déduction astucieuse et de sagesse ésotérique pop culture.
C’est un peu l’esprit de notre quête d’élaborer le système de prompting ultime. À la croisée de la tradition, en s’inspirant du fameux QQOQCCP des journalistes et de l’innovation geek, la méthode 5Q s’impose comme une grammaire raffinée pour dialoguer avec les IA. Préparez votre potion magique de créativité car nous allons explorer, étape par étape, comment cinq questions bien placées peuvent transformer n’importe quelle requête en formule puissante.
Architecture générale de la méthode 5Q
Avant d’entrer dans le vif du sujet, plantons le décor. La méthode 5Q propose d’architecturer chaque prompt selon cinq axes fondamentaux via cinq questions clefs qui forment ensemble une grille cohérente et complète :
- QUOI – Que produire ?
Le type de contenu à générer (format, structure) et le média envisagé (texte, image, vidéo…). - POURQUOI – Dans quel but ?
L’intention ou la finalité qui motive la création de ce contenu. - PAR QUI – Qui s’exprime ?
Le rôle ou la persona que l’IA doit endosser pour répondre, avec son point de vue et son style propres. - POUR QUI – Pour quel public ?
La cible à laquelle le contenu est destiné, avec ses caractéristiques et attentes. - DE QUELLE MANIÈRE – Comment formuler ?
Les modalités d’écriture ou de rendu : le style, le ton, les contraintes formelles, les références stylistiques, le contexte temporel, etc.
L’objectif de la méthode de prompting 5Q est de concevoir des prompts robustes, modulaires et industrialisables.
Exemple de prompt malin : « J’ai besoin d’un contenu Quoi : article de blog. Pourquoi : informer et clarifier un concept scientifique. Par qui : pédagogue vulgarisateur. Pour qui : grand public curieux. De quelle manière : style journalistique clair, ton accessible, ~800 mots avec exemples concrets. »
1. QUOI – Typologie des contenus
Le premier pilier de la méthode 5Q, c’est le QUOI. Autrement dit : Quel type de contenu désirez-vous, et sur quel support ? Cette question paraît évidente, mais elle est cruciale. Demander « Peux-tu m’aider ? » à une IA risque de la laisser dans le flou artistique, comme un acteur sans script. À l’inverse, spécifier le format attendu revient à lui donner le costume et le genre de la pièce. Est-ce un article, une liste de conseils, une infographie, un dialogue ? On ne raconte pas une épopée en 280 caractères ni un mode d’emploi sous forme de sonnet et c’est pourquoi il est important de préciser un format qui corresponde à vos objectifs.
La typologie des contenus peut se décliner en trois grands médias – texte, image ou vidéo – chacun englobant une multitude de formats possibles. Voici une bibliothèque non exhaustive des formats que l’on peut envisager :
1.1. Formats textuels – une richesse de bibliothèques rédactionnelles :
- Textes continus – Formats classiques en prose continue, par exemple : article (exposé structuré d’un sujet), essai (réflexion argumentée plus personnelle), introduction ou conclusion (ouverts ou fermés sur un sujet), synthèse (résumé structuré).
- Structures formalisées – Formats organisés de manière schématique : plan détaillé (structure hiérarchisée de contenu), sommaire (liste des sections à venir), plan en puces (idées clés listées), scénario narratif (trame d’histoire fictionnelle), scénario pédagogique (déroulé d’un cours ou d’une formation), trame de cours (plan d’une leçon).
- Résumés & condensés – Formats pour aller à l’essentiel : résumé court (quelques phrases clés), note de synthèse (points saillants d’un dossier), fiche de lecture (résumé critique d’un livre ou article).
- Articles spécialisés – article de blog (ton accessible, contextuel), article encyclopédique (objectif et factuel, style Wikipedia), article de presse (style journalistique, actualité), article scientifique (format académique avec références).
- Formats courts & accrocheurs – Tweet / post X (max ~280 caractères percutants), post LinkedIn (ton professionnel, ~1500 caractères), post Instagram (léger, communicant, parfois accompagné d’emoji), slogan (phrase-choc mémorable), accroche publicitaire (texte marketing brefs et impactants), titre / accroche éditoriale (pour chapô ou une Une percutante).
- Guides pratiques – tutoriel pas-à-pas (instructions séquentielles pour réaliser une tâche), guide d’achat (conseils pour choisir un produit, critères comparés), guide technique (explication d’un procédé technique), FAQ (questions fréquentes avec réponses claires), mode d’emploi (notice explicative systématique).
- Contenus marketing – Publicité Google Ads (texte très court orienté mot-clé et conversion), méta-description SEO (phrase optimisée pour moteurs de recherche), email marketing (courriel promotionnel personnalisé), newsletter (bulletin d’information périodique), landing page (page web de conversion, argumentaire structuré).
- Documents approfondis – dossier (collection d’articles ou sections sur un thème), livre blanc (document expert long format, souvent ~10-30 pages), rapport d’analyse (étude détaillée avec données, conclusions), étude sectorielle (état des lieux complet d’un domaine).
- Créations originales – poème (en vers, avec figures de style), histoire courte (fiction brève, nouvelle), fable (récit avec morale, style allégorique), métaphore filée (explication prolongée par une analogie imagée), dialogue fictif (conversation imaginaire entre personnages réels ou inventés).
- Tableaux & listes textuelles – tableau comparatif (colonnes pour comparer produits/options/arguments selon critères), liste d’avantages/inconvénients (pour peser le pour et le contre), liste d’étapes (checklist séquentielle), checklist (liste de points à vérifier), to-do list (liste de tâches à accomplir).
- Analyses & études – analyse de données commentée (description de tendances avec interprétation), interprétation statistique (explication de chiffres bruts), SWOT texte (Forces/Faiblesses… décrits en paragraphes), benchmark (comparaison argumentée de solutions concurrentes).
- Études de cas – cas réel (exemple concret vécu, détaillé), cas fictif (scénario hypothétique illustrant une problématique), étude avant/après (analyse d’une situation avant et après une intervention).
- Scénarios & prospectives – projection 1–5 ans (extrapolation sur un futur proche), scénario « Et si… » (uchronie, hypothèse imaginative), scénarios alternatifs (plusieurs versions d’un futur possible).
- Dialogues & entretiens – entretien fictif (questions-réponses imaginaires, par ex. interviewer/invité), conversation pédagogique (dialogue où l’IA explique un concept via un échange), jeu de rôle (ex: expert/client, coach/élève, dans un échange dialogué).
- Code & technique – script (ex. script Python commenté), pseudo-code (algorithme en langage simplifié), algorithme commenté (explication ligne par ligne d’une méthode), documentation technique (manuel API, guide de référence avec formalisme technique).
1.2. Formats visuels (images) – visualisation et schématisation :
- Cartes mentales (mindmaps) – représentation arborescente d’idées : mindmap simple (quelques branches), mindmap hiérarchique (niveaux multiples), mindmap de projet (tâches, objectifs).
- Arbres décisionnels – schémas de choix conditionnels : version binaire (oui/non), arbre probabiliste (avec probabilités), schéma de processus (étapes successives avec décisions).
- Matrice – grilles analytiques : SWOT visuel (4 quadrants stratégiques), matrice d’Eisenhower (urgence/importance), matrice BCG (part de marché/croissance).
- Infographies – visuels informatifs combinant texte/données : frise chronologique (timeline), étapes illustrées (processus numéroté avec icônes), comparatif visuel (diagrammes cote à cote).
- Cartes – représentations spatiales : carte géographique (lieux, itinéraires), carte conceptuelle (diagramme liant des concepts), heatmap (carte de chaleur, intensité par zone).
- Diagrammes de Gantt – chronogrammes de projet : projet simple (tâches séquentielles sur une barre de temps), multi-projets (plusieurs barres en parallèle).
- Organigrammes – schémas d’organisation : structure hiérarchique (pyramide d’entreprise), structure matricielle (double entrée services/projets).
- Graphiques de données – représentations chiffrées : nuage de points (corrélation entre deux variables), histogramme (barres pour distributions), camembert (diagramme circulaire part/proportion), courbe ou série temporelle (évolution dans le temps).
- Schémas de processus – représentations techniques : flux BPMN simple (diagramme de processus métier standardisé), flux UML (diagramme de flux logiciel).
- Datavisualisations avancées – visuels complexes : treemap (carte arborescente rectangulaire), diagramme de Sankey (flux avec largeurs proportionnelles), diagramme radar (étoile à axes multiples).
1.3. Formats audiovisuels (vidéos) – contenus multimédias :
- Scripts vidéo – canevas écrits pour vidéo : script court (≤ 60 s, format court type réseau social), storyboard en 3 actes (structure narrative début-milieu-fin pour une vidéo plus longue), script d’interview (questions et réponses prévues).
- Capsules pédagogiques – formats éducatifs concis : tutoriel vidéo (démonstration filmée d’une procédure), mini-MOOC (leçon vidéo courte, ~5-10 min, sur un sujet précis), démonstration produit (vidéo montrant un produit en action).
- Animations explicatives – vidéos animées : motion design 2D (graphismes animés pour expliquer un concept), whiteboard animation (dessins sur tableau blanc animés), infographie animée (mélange de texte et graphismes animés).
- Présentations filmées – mélange slides/parole : slides narrés (diaporama commenté), voix off sur écran (commentaire audio sur screencast ou diapo), screencast (capture d’écran avec narration, par ex. présentation d’un logiciel).
- Storytelling publicitaire – vidéos marketing narratives : teaser (mise en bouche intrigante), spot 30s (publicité TV/web classique), vidéo “social” format court (15-60s, pour réseaux sociaux, souvent très percutif).
- Jeux de rôle filmés – mises en situation : coach/client (simulation de conseil filmée), simulation SAV (mise en scène d’un service après-vente avec un acteur client et un acteur support), pitch inversé (le client “vend” son problème et l’expert doit convaincre en retour).
- Vidéos immersives – expériences AR/VR : VR 360° (vidéo à 360 degrés, immersive), démonstration AR (intégration de réalité augmentée dans une vidéo), simulation interactive (scénario immersif où le spectateur prend des décisions).
- Webinaires – formats conférence en ligne : conférence en ligne (présentation magistrale en direct ou enregistrée), session Q&A (questions-réponses avec participants), table ronde virtuelle (plusieurs intervenants discutant d’un sujet).
- Documentaires courts – formats reportage condensés : mini-documentaire (3–5 min sur un sujet, style reportage), portrait (focus sur une personne, son histoire, en format court).
- Interviews – entretiens filmés : face caméra (personne s’adressant directement au public, style interview sans interviewer visible), multi-invités (plusieurs personnes interrogées tour à tour ou en groupe).
Le QUOI correspond donc au genre de production demandé à l’IA. C’est votre réponse à “Qu’est-ce que je veux au final ?”. En définissant explicitement le format, vous facilitez énormément le travail du modèle : l’IA saura quelle structure adopter, quel niveau de détail viser, quelle longueur peut convenir, etc. Par exemple, si vous demandez une histoire courte, l’IA comprendra qu’elle doit adopter un style narratif et tenir en quelques paragraphes, là où une étude sectorielle implique plusieurs pages structurées en sections. En pratique, clarifier le QUOI aide à réduire l’ambiguïté de la tâche. Vous vous comportez en réalisateur devant votre IA-acteur en lui donnant le script ou au moins le genre du film.
Les cas d’usage du QUOI sont infinis, mais on retrouve des scénarios classiques : générer du contenu informatif (article de blog, fiche technique…), du contenu persuasif ou marketing (slogan, post LinkedIn, pub), du contenu créatif (poème, scénario, fiction), de la documentation (guide pas-à-pas, référence API), ou encore de la visualisation (schéma, graphique) si vous utilisez une IA capable de produire des images ou des diagrammes. C’est la première question à se poser avant même de rédiger le prompt : à quoi doit ressembler le livrable final ?
Exemple de prompt : « Rédige un tutoriel détaillé, étape par étape, qui explique comment configurer un serveur web Apache sur Ubuntu, depuis l’installation jusqu’aux tests de mise en service. »
Ici, le format “tutoriel pas-à-pas” est explicitement demandé. L’IA saura qu’elle doit fournir une série d’étapes numérotées, avec des instructions claires et logiques, plutôt qu’un texte narratif ou argumentatif.
2. POURQUOI – L’objectif du contenu
Passons à la boussole qui va orienter tout votre contenu : le POURQUOI. À quoi doit servir le contenu généré ? Quelle est l’intention qui sous-tend votre demande ? Si le Quoi donne la forme, le Pourquoi insuffle le souffle. C’est la finalité, l’objectif stratégique ou pédagogique de votre prompt.
Les grandes intentions se comptent sur les doigts de deux mains. Voici 10 intentions principales qu’on retrouve fréquemment, chacune dictant une orientation particulière :
- Informer – Transmettre des faits ou des connaissances de manière objective. Par exemple, présenter les résultats d’une étude, faire un compte-rendu neutre d’un événement.
- Expliquer / clarifier – Rendre un sujet intelligible et accessible. Il s’agit de décortiquer des concepts complexes, vulgariser des idées, faire preuve de pédagogie.
- Convaincre / influencer – Persuader le lecteur ou l’auditeur d’adopter un point de vue, de faire un choix ou d’acheter un produit. L’argumentation, la rhétorique et l’appel aux émotions peuvent entrer en jeu.
- Inspirer / motiver – Donner envie d’agir, de changer ou de créer. On cherche ici à susciter l’enthousiasme, à provoquer un déclic positif (ex : discours motivationnels, storytelling inspirant).
- Former / enseigner – Transmettre une compétence ou un savoir-faire, structurer un apprentissage. Cela implique souvent une progression logique, des exemples didactiques, voire des exercices.
- Divertir – Amuser, captiver, offrir un moment de plaisir. L’accent est mis sur le récit, l’originalité, l’humour, le suspense, tout ce qui peut retenir l’attention pour le plaisir (fictions, anecdotes, jeux…).
- Produire un livrable précis – Générer un artefact exploitable directement : par exemple un rapport, un plan, une fiche pratique prête à l’emploi. L’intention est utilitaire et orientée résultat concret.
- Explorer / brainstormer – Générer un grand nombre d’idées, de variantes ou de pistes de réflexion. L’idée n’est pas d’être exhaustif sur chacune mais d’embrasser la diversité (par ex : proposer 10 idées de noms de produit, différentes approches d’un problème).
- Décider / arbitrer – Comparer des options et faire émerger une recommandation. On vise ici à obtenir une analyse équilibrée menant à une décision (ex : avantages/inconvénients, tableau comparatif suivi d’une conclusion recommandant l’option optimale).
- Créer / innover – Imaginer des concepts nouveaux, sortir des sentiers battus. Cela peut recouper l’exploration créative mais avec une dimension plus conceptuelle (ex : inventer un nouveau produit, un univers de fiction original, une campagne marketing inédite…).
Le POURQUOI est la raison d’être du contenu. C’est la première variable à verrouiller dans une approche professionnelle du prompt, car de l’intention découlent le ton, la structure, la profondeur du contenu. Un même QUOI (par ex. un article) sera rédigé très différemment selon qu’il vise à informer factuellement, à convaincre, ou à divertir. En définissant clairement le pourquoi, on guide l’IA comme une boussole indique le nord. On évite ainsi les hors-sujets où l’IA partirait dans une direction qui n’est pas la nôtre. En pratique, il est souvent utile de formuler l’intention directement dans le prompt, par exemple en incluant des verbes d’objectif (“expliquer”, “convaincre”, “démontrer”, “inspirer”) ou carrément une phrase de finalité (“dont l’objectif est de…”).
Les cas d’usage montrent l’importance de caler le bon POURQUOI : pour un cours on choisira “former/enseigner”, ce qui impliquera un ton pédagogue et structuré. Pour un contenu marketing, l’intention sera de convaincre ou d’influencer, d’où un style persuasif et une mise en avant des bénéfices. Pour un contenu créatif, on peut allier divertir et inspirer. Notez qu’il est possible de combiner deux intentions (ex : expliquer et divertir pour vulgariser de façon ludique), mais dans l’idéal une intention principale domine pour garder le cap.
Exemple de prompt : « Rédige un message de motivation dont le but est d’inspirer des étudiants en informatique à se lancer dans l’entrepreneuriat. Le texte doit leur donner confiance en leurs idées, avec un ton enthousiaste et des exemples de réussites célèbres qui les encouragent à oser. »
Ici l’intention (“inspirer des étudiants à se lancer”) dicte clairement le ton enthousiasmant et le contenu (mettre en avant des success stories pour motiver). L’IA, orientée par ce pourquoi, saura qu’il faut aller au-delà de l’information brute pour toucher l’émotion et donner envie d’agir.
3. POUR QUI – Segments de public ciblés
On a le quoi, on a le pourquoi… mais à qui va-t-on s’adresser ? Le troisième axe, POUR QUI, définit le public cible du contenu. Poser la question « À qui parle-t-on ? » est indispensable car une explication brillante pour un expert peut se révéler totalement opaque pour un novice, et vice versa. Comme on n’écrit pas une lettre d’amour et un rapport d’audit de la même façon, on ne s’adresse pas de la même manière à un enfant de 6 ans, à un étudiant de master ou à un PDG pressé. Le POUR QUI influe sur le niveau de langage, le choix des références, la longueur et la complexité des phrases, voire le format le plus approprié.
On peut définir de nombreux segments de public, mais voici 10 segments clés souvent rencontrés, chacun avec ses particularités de ton et de style :
- Enfants (4–7 ans) – Vocabulaire très simple, phrases courtes. On privilégie le concret (comparaisons de tous les jours), un ton bienveillant et souvent joueur. L’imaginaire et les exemples ludiques sont rois à cet âge.
- Enfants (8–12 ans) – Un peu plus de complexité mais ça reste accessible. On utilise des exemples ludiques et des références jeunesse (dessins animés, contes). Le ton est amusant, interactif, pour capter l’attention volatile de cet âge.
- Adolescents – Ton engageant, style décontracté sans être condescendant. On peut glisser des références pop culture (séries, jeux vidéo) pour illustrer. La pédagogie est plus indirecte (on évite de “faire la leçon”), on valorise l’autonomie et l’identification.
- Étudiants – Ici on mise sur une structuration claire et une certaine profondeur. Le contexte théorique ou historique est bienvenu pour donner du sens. Le langage est soutenu mais reste accessible. On peut introduire du vocabulaire spécifique progressivement.
- Doctorants / Chercheurs – Précision méthodologique et références académiques de rigueur. Le style est formel, analytique et critique. On s’attend à des arguments nuancés, des citations éventuelles, et à ce que rien ne soit affirmé sans fondement.
- Professionnels – Concision et efficacité. Le style est professionnel, formalisme maîtrisé (termes techniques du domaine, pas de familiarités). On va droit au but, en se focalisant sur les enjeux opérationnels. Le contenu doit faire gagner du temps, apporter de la valeur immédiatement exploitable.
- Grand public – Accessibilité maximale. On évite le jargon, on explique les acronymes. La simplification sans infantilisation est l’art ici. Un peu de storytelling ou d’anecdotes concrètes aide à capter un public hétérogène. On vise un niveau de lecture moyen.
- Experts – Public très connaisseur d’un domaine pointu. On peut utiliser le vocabulaire spécialisé sans le définir, aller directement dans le vif du sujet technique. Le ton peut être plus sec, orienté chiffres ou faits, l’exigence de précision est élevée.
- Décideurs – (Managers, dirigeants…) Eux n’ont pas de temps à perdre. Il leur faut une synthèse claire et percutante, avec les options disponibles et idéalement une recommandation nette. Le tout dans un format court (voire bullet points), orienté vers l’action et l’impact. Pas de jargon technique inutile, mais des chiffres clés et éléments concrets pour décider.
- Clients / prospects – Ici le contenu doit parler des bénéfices concrets pour le client, dans un langage facile à comprendre mais qui suscite la confiance. Ton persuasif mais sincère, appel à l’action clair à la fin. Il faut rassurer (preuves sociales, exemples) tout en donnant envie (avantages mis en avant).
Le POUR QUI en prompt design, c’est un peu l’équivalent de l’étude de persona en marketing ou UX, on adapte notre message à la cible visée. Négliger le public, c’est risquer un décalage complet. Par exemple, une explication très technique avec jargon spécialisé sera incompréhensible pour le grand public, alors qu’une explication trop simplifiée semblera creuse pour un expert. La génération d’un module sur les réseaux TCP/IP différera radicalement selon qu’il s’adresse à des étudiants en BTS cybersécurité, informatique et réseaux, électronique option, à des débutants en informatique ou des ingénieurs en poste. En pratique, spécifier le public dans le prompt aide l’IA à calibrer la réponse et cela influe sur la longueur des phrases, le choix des mots, le niveau de détail, les analogies utilisées, etc.
Les cas d’usage typiques est la vulgarisation (grand public, enfants, novices), mais on peut aussi imaginer l’utiliser pour la communication interne pro (employés, dirigeants), le supports pédagogiques (élèves, étudiants, doctorants selon le niveau), le marketing ciblé (message différent si l’on vise un acheteur technique ou un décideur financier), etc.
Exemple de prompt : « Explique la théorie de la relativité à un enfant de 8 ans, en utilisant des mots simples et des exemples du quotidien (parle de deux jumeaux dont l’un voyage dans une fusée, par exemple). »
Ici la mention explicite du public “enfant de 8 ans” impose à l’IA un langage très accessible et imagé. On attend de l’IA qu’elle dise par exemple « imagine que tu as une montre magique qui… » plutôt que de parler d’« invariance de la vitesse de la lumière » ! Adaptez le Pour qui et vous verrez le contenu se transformer comme par enchantement pour trouver le ton juste.
4. PAR QUI – Rôles et personas de l’IA
Entrons à présent dans les coulisses, ou plutôt derrière le masque des modèles d’intelligence artificielle générative. Qui parle dans la réponse de l’IA ? Non, il ne s’agit pas de vous en tant qu’utilisateur, mais du rôle que vous assignez à l’IA le temps d’une réponse. L’axe PAR QUI consiste à définir une persona que l’IA doit incarner. C’est littéralement du roleplay prompting, où on donne un contexte d’énonciation à l’IA, ce qui stabilise sa voix, son point de vue, sa logique interne.
Pourquoi est-ce important ? Parce qu’un même contenu, disons un rapport sur l’environnement, sera très différent s’il est rédigé par “un journaliste scientifique”, “un militant écologiste passionné” ou “un consultant en stratégie neutre et objectif”. Le rôle agit comme un filtre stylistique et intellectuel. En fixant le par qui, on oriente le modèle vers un certain mode de raisonnement spécialisé, un ton particulier, un vocabulaire adapté. C’est un peu comme dans Le Seigneur des Anneaux, c’est vous qui décidez si l’histoire sera contée par Gandalf de façon sage et poétique ou par Sam Gamegie de manière plus terre-à-terre et candide. Chaque narrateur donnera une saveur unique au récit.
La méthode 5Q propose un éventail de personas organisées en cinq grandes familles. Chaque rôle est décrit avec quelques qualificatifs pour bien cerner son style par défaut. Bien sûr, on peut inventer n’importe quel persona selon le besoin, y compris des personnages fictifs ou historiques, mais disposer d’une bibliothèque de rôles types aide à gagner du temps. Voici 5 familles de personas et quelques exemples notables :
4.1. Experts métiers / disciplinaires – Des spécialistes d’un domaine pointu qui apportent rigueur et profondeur :
- Professeur / enseignant – pédagogue, vulgarisateur, structuré, progressif (idéal pour expliquer clairement pas à pas).
- Chercheur / historien / scientifique – rigoureux, méthodique, référencé, analytique (parfait pour un rapport étayé de faits et de sources).
- Juriste / avocat – précis, prudent, nuancé, argumentatif (convient pour examiner un problème sous l’angle légal ou débattre avec finesse).
- Médecin / nutritionniste / psychologue – explicatif, préventif, empathique, clair (utile pour des conseils santé bienveillants et informés).
- Ingénieur / architecte / développeur – technique, logique, détaillé, schématique (idéal pour des explications de fonctionnement, des plans, du code commenté).
- Archéologue – contextualisé, documenté, comparatif, narratif (pour parler d’histoire ou de culture avec le souci du détail et le goût de la narration du passé).
- Data scientist – chiffré, interprétatif, prédictif, structuré (parfait pour analyser des données, produire des statistiques commentées).
- Urbaniste – prospectif, méthodique, systémique, pragmatique (vision large des projets de ville ou d’organisation, avec planification).
- Philosophe – critique, dialectique, abstrait, nuancé (pour traiter des questions de fond, éthiques, avec recul critique et citations philosophiques).
- Linguiste – descriptif, analytique, comparatif, précis (idéal pour expliquer des nuances de langage, étymologies, grammaire comparée).
4.2. Experts en communication / transmission – Des profils orientés vers la pédagogie, le storytelling ou la médiation :
- Coach pédagogique – encourageant, clair, motivant, structuré (il guide étape par étape en motivant l’élève).
- Journaliste – synthétique, factuel, accessible, contextuel (apporte une info équilibrée, format dépêche ou article clair).
- Conférencier inspirant – captivant, narratif, mobilisateur, imagé (pour un discours qui emporte l’adhésion, à la Steve Jobs ou Simon Sinek par ex.).
- Formateur – progressif, pratique, interactif, explicatif (transmet un savoir en engageant le public par des exercices, questions).
- Influenceur éducatif – engageant, ludique, adapté, concis (ton plus personnel et décontracté, s’adresse à une communauté en vulgarisant).
- Porte-parole – officiel, diplomatique, cadré, percutant (parle au nom d’une organisation, ton maîtrisé mais capable de punchlines).
- Animateur de débat – équilibré, dynamique, impartial, incisif (idéal pour présenter des points de vue opposés et animer la discussion).
- Blogueur – personnel, accessible, narratif, engageant (partage d’expérience, ton à la première personne, cherche la connexion authentique).
- Podcasteur – oral, rythmé, scénarisé, vulgarisé (ton conversationnel, raconte une histoire audio avec suspense, pose des questions).
- Rédacteur pédagogique – didactique, progressif, clair, simplifié (style manuel scolaire ou tutoriel, très structuré et étape par étape).
4.3. Experts stratégiques / décisionnels – Des profils tournés vers l’analyse économique, la gestion et la décision :
- Consultant en stratégie – analytique, structuré, prospectif, pragmatique (décortique un problème business, propose des plans d’action concrets).
- Économiste / analyste financier – chiffré, prospectif, prudent, comparatif (analyse les marchés, fait des projections avec prudence).
- Directeur de projet – organisé, méthodique, planificateur, opérationnel (présente un plan de route, coordonne des équipes, suit des jalons).
- Décideur / dirigeant – synthétique, rapide, décisif, impactant (va droit au but, attend des recommandations claires, to the point).
- Prospectiviste – visionnaire, scénarisé, spéculatif, global (dresse des scénarios futurs, anticipe les tendances, un brin futurologue).
- Responsable RH – humain, diplomate, clair, régulateur (aborde les sujets sensibles avec tact, communique avec transparence).
- Expert en cybersécurité – technique, vigilant, préventif, pragmatique (alerte sur les risques, donne des conseils concrets de protection).
- Spécialiste en logistique – optimisateur, organisé, précis, rationnel (cherche l’efficacité, explique les flux, gère les imprévus).
- Conseiller en patrimoine – prudent, équilibré, comparatif, explicatif (explore des options d’investissement en pesant bien risques et avantages).
- Responsable innovation – créatif, audacieux, cadré, prospectif (a des idées hors du cadre mais sait les ramener à un plan réalisable).
4.4. Experts créatifs / inspirants – Pour injecter une dose de folie, d’art ou d’imaginaire :
- Publicitaire / copywriter – percutant, inventif, accrocheur, mémorable (slogan et concepts pub qui marquent les esprits).
- Scénariste / écrivain – narratif, imaginatif, structuré, émotionnel (maître du storytelling, il sait créer du suspense et des personnages vivants).
- Artiste / designer – visuel, symbolique, métaphorique, innovant (saura décrire des visuels, imaginer des concepts artistiques, jouer sur les couleurs et formes).
- Animateur / game master – interactif, ludique, immersif, créatif (parfait pour des jeux de rôle, des aventures dont vous êtes le héros).
- Poète – lyrique, imagé, rythmique, suggestif (manie les rimes et les métaphores pour émouvoir).
- Musicien / compositeur – expressif, sensible, harmonieux, inventif (pour parler de musique ou d’émotions avec une oreille fine et créative).
- Game designer – structuré, ludique, innovant, immersif (peut concevoir des mécanismes de jeu, expliquer des règles en étant fun et clair).
- Illustrateur – visuel, coloré, évocateur, précis (décrit des scènes avec force détails sensoriels, idéal pour suggérer des illustrations).
- Humoriste – décalé, percutant, absurde, provocateur (ajoute de l’humour, des blagues, voit le monde par le prisme de la comédie, même grinçante).
- Narrateur de contes – imagé, traditionnel, captivant, universel (raconte des histoires façon conte de fées ou légende, avec morale et émerveillement).
4.5. Experts pragmatiques / opérationnels – Ceux qui ont les mains dans le cambouis du quotidien :
- Chef cuisinier – concret, pratique, créatif, sensoriel (pour des recettes ou analogies culinaires, il mettra l’eau à la bouche).
- Coach sportif – motivant, structuré, progressif, rigoureux (encourage et cadre un entraînement, parfait pour guide “remise en forme”).
- Technicien / artisan – méthodique, clair, pratique, détaillé (explique patiemment comment faire, outils en main, étape par étape).
- Community manager – concis, engageant, digital, réactif (style réseaux sociaux, répond sur le vif, utilise hashtags ou emojis si approprié).
- Jardinier paysagiste – concret, esthétique, écologique, patient (décrit la nature, donne des conseils posément, souci du détail sensoriel).
- Guide touristique – narratif, pratique, culturel, engageant (fait découvrir des lieux avec anecdotes historiques, ton enjoué).
- Mécanicien – précis, rigoureux, explicatif, pragmatique (diagnostique un problème technique, explique les réparations, sans détour).
- Infirmier urgentiste – rassurant, rapide, clair, méthodique (fournit des conseils de premiers soins de manière calme mais efficace).
- Moniteur d’auto-école – progressif, patient, cadré, pratique (apprend étape par étape, corrige avec bienveillance, insiste sur la sécurité).
- Responsable SAV – pragmatique, réactif, concis, orienté-solution (traite les réclamations ou problèmes clients rapidement, explique les solutions de manière directe).
Choisir un PAR QUI, c’est choisir la voix de la réponse. Cela permet de stabiliser le registre et le point de vue. Dans un prompt complexe, fixer la persona en amont évite les fluctuations de style, vous dites à l’IA “met-toi dans la peau de tel expert” et elle va adopter naturellement les tics de langage, la terminologie et la mentalité correspondants. C’est très utile pour des tâches comme la rédaction créative (imiter le style d’un auteur ou d’un personnage), la simulation (jeux de rôle, dialogues) ou simplement pour gagner en pertinence sur un domaine donné. Par exemple, “Agis comme un data scientist” donnera une réponse probablement bourrée de chiffres et d’analyses, alors que “Agis comme un poète” produira du texte imagé et cadencé. L’astuce du persona est largement utilisée dans les frameworks de prompt avancés, car elle conditionne tout le reste de la génération.
Pour illustrer notre propos on peut imaginer utiliser cette méthode pour du support client, où on peut demander “Agis comme un responsable SAV” pour un ton adéquat. En éducation, “Te voici professeur de maths” pour structurer une leçon. En marketing, “Tu es un copywriter légendaire” pour un slogan percutant. En analyse, “Endosse le rôle d’un consultant” afin d’avoir un rapport bien structuré. Voire en création littéraire, “Tu es H.P. Lovecraft” pour pondre une nouvelle d’horreur lovecraftienne. Bref, le PAR QUI est votre potion Polyjuice (Polynectar) pour transformer l’IA en l’expert de votre choix.
Exemple de prompt : « PAR QUI – Yoda, maître Jedi : Agis comme Yoda de Star Wars et dispense des conseils de sagesse pour rester concentré en période d’examens, en parlant avec son style caractéristique (phrases à l’ordre inversé, ton mystérieux mais bienveillant). »
Ici, on a clairement spécifié la persona de Yoda. L’IA va donc tenter de formuler la réponse comme le ferait le maître Jedi avec par exemple : « Concentré tu resteras, jeune élève, car la dispersion ton ennemi est… ». Le contenu (des conseils pour réussir ses examens) aurait pu être banal, mais le par qui en fait une réponse originale, cohérente avec le personnage choisi. On aurait pu choisir “Agis comme un professeur de Poudlard” ou “comme Sherlock Holmes”, l’important est de donner ce point d’ancrage à l’IA. Les rôles agissent ainsi comme des filtres culturels et stylistiques extrêmement puissants.
5. DE QUELLE MANIÈRE – Style, ton, contraintes formelles, graphismes, temporalité
Dernière grande question et cerise sur le gâteau le Comment qui décrit la manière dont le contenu doit-il être rendu. Ici, on ajuste les réglages fins dont le style d’écriture, le ton émotionnel, les contraintes précises de formatage, éventuellement le style graphique si c’est visuel et même l’ancrage temporel ou le contexte historique. C’est le chapitre le plus riche car il englobe tout ce qui affine l’expression finale.
On peut décomposer DE QUELLE MANIÈRE en plusieurs sous-dimensions :
5.1. Style d’écriture : le registre global du texte. Sera-t-il académique (soutenu, objectivé, avec références) ? Journalistique (factuel, direct, accessible) ? Narratif / storytelling (on raconte une histoire, avec personnages et intrigue) ? Poétique (imagé, métaphores, figures de style) ? Humoristique (léger, blagues, second degré) ? Technique (orienté données, précis, jargonnant) ? Commercial / copywriting (vendeur, mettant en avant les bénéfices, style punchy) ? Créatif (expérimental, dialogues, surréaliste…) ? Le style d’écriture donne la texture du texte.
5.2. Ton : l’attitude ou la coloration émotionnelle du texte. Un ton pédagogique (patient, explicatif) n’est pas un ton inspirant (élevé, motivant), ni un ton neutre (objectif, plat), soutenu (formel, politesses), familier (proche du langage parlé, tutoiement éventuellement), bienveillant (empathique, encourageant), percutant (percussif, phrases choc), provocateur (bousculant, utilisant la controverse)… Le ton se combine au style comme la couleur à la forme d’un tableau : on peut très bien avoir un style humoristique avec un ton provocateur (humour noir, satirique) ou un style académique avec un ton bienveillant (cours magistral rassurant). C’est un degré de liberté de plus pour ajuster l’ambiance de la réponse.
5.3. Contraintes formelles : ici on entre dans le cahier des charges détaillé. Cela comprend toute exigence concrète sur le format final :
- Longueur : en nombre de mots, de phrases, de paragraphes ou de pages. Voire en durée (pour une vidéo ou un discours, ex : “pendant 2 minutes maximum”).
- Format spécifique : par exemple exiger une réponse en liste (à puces ou numérotée), en tableau (colonnes séparées par des | si l’IA peut le faire), en schéma ASCII, en FAQ (Q:… R:…), en jeu de QCM (questions à choix multiples avec propositions A/B/C), etc. C’est le choix de la structure de sortie.
- Exemples obligatoires : demander explicitement des exemples ou analogies de tel ou tel type. Par ex, “donne un exemple historique et un exemple de la culture pop pour illustrer” ou “fournis un cas concret chiffré”.
- Niveau de langage : est-ce vulgarisé pour un large public, au contraire très technique pour experts, soutenu pour une communication officielle, ou carrément créatif et décalé ?
- Mise en valeur : préciser si on veut des titres et sous-titres, des mots en gras ou italique, ou une certaine typographie (listes, indentation, citations…) – bien sûr cela dépend du médium (texte brut vs. formatage Markdown/HTML possible).
- Cadence / rythme : on peut recommander des phrases courtes (style haché, percutant), ou au contraire de longues phrases élaborées (style fleuri, descriptif), ou un mix équilibré. Cela influe sur la lisibilité et le ton perçu (staccato vs. lyrisme).
- Contraintes créatives : pour les plus aventureux, on peut imposer des rimes (écrire en vers), un acrostiche (premières lettres des phrases forment un mot), des allitérations, ou imiter le style d’un auteur particulier (« écris à la manière de Molière »), ou même une contrainte d’époque linguistique (« en vieux français du XVIIᵉ »).
- Supports associés : indiquer si l’on attend des annexes, une bibliographie/références, des citations précises, ou des illustrations (par ex. “inclut 3 images ASCII d’emoji”), etc. Tout élément supplémentaire en plus du texte principal.
En formulant ce genre de contraintes dans votre prompt, vous aidez l’IA à fignoler la réponse. Fournir des détails et contraintes précises améliore la pertinence du résultat, c’est un peu comme régler manuellement les paramètres d’impression 3D pour obtenir un objet parfait plutôt que de lancer une impression par défaut.
5.4. Styles graphiques : si votre QUOI vise une image, une vidéo ou un rendu graphique, vous pouvez préciser un style visuel particulier. Là encore, la gamme est large, citons quelques exemples pour stimuler l’imagination :
- Styles artistiques classiques : aquarelle (tons doux, diffus), huile sur toile (couleurs riches, texture épaisse), fusain (noir & blanc esquissé), gravure (ancien, lignes hachurées), fresque (grande scène détaillée).
- Styles artistiques modernes : flat design (aplats de couleur unis, épuré), minimaliste (formes simples, peu de détails), vectoriel (graphismes nets, stylisés), typographique (textes mis en forme comme élément graphique).
- Styles photographiques : réaliste (ressemble à une photo réelle), noir et blanc, vintage (couleurs passées, effet ancien), HDR (contrastes très marqués, haute dynamique).
- Styles cinématographiques : film noir (contrastes, ambiance polar années 40), western (tons sépia, vastes paysages désertiques), science-fiction (éléments futuristes, high-tech), fantasy épique (détails médiévaux, créatures mythiques), documentaire (prise de vue réaliste, labels informatifs).
- Styles culture pop / geeks : manga (inspiration bande dessinée japonaise), anime (dessin animé japonais, couleurs vives), cartoon (style dessin animé occidental, simplifié), comics (traits marqués, bulles texte), pixel art (rétro 8-bit).
- Styles immersifs : 3D réaliste (imagerie de synthèse haute qualité proche du réel), photoréalisme (on ne distingue pas de la réalité), isométrique (vue 3/4 style jeux de gestion), style jeu vidéo (graphismes spécifiques d’un jeu connu).
- Styles conceptuels / schématiques : schéma (diagramme épuré), infographie (graphique informatif stylisé), data-visualisation (codes couleur, graphiques abstraits à valeur explicative), diagramme (organigrammes, flowcharts stylisés).
- Styles décoratifs / thématiques : baroque (détaillé, ornementé, symétrique), Art déco (formes géométriques, 1920s), Art nouveau (lignes courbes végétales, 1900s), gothique (sombres, motifs médiévaux), cyberpunk (néons, ambiance dystopique futuriste), steampunk (victorien industriel, cuivre et rouages), futuriste (design avant-gardiste épuré).
5.5. Temporalité : dernier réglage, et non des moindres, le temps. Souhaitez-vous ancrer votre contenu dans une époque particulière ou une projection temporelle ? Ici on règle la ligne temporelle du contexte :
- Ancrage temporel : passé, présent ou futur. Parler au passé (imparfait, passé simple) donnera un ton de récit ou d’historique. Au présent, cela vivifie et rend immédiat. Au futur, on se projette, on prend un ton spéculatif ou volontariste.
- Contextes historiques spécifiques : Antiquité, Moyen Âge, Renaissance, XIXᵉ siècle, années 1980, etc. Ajouter “dans un contexte Renaissance” fera parler de châteaux et de poudre noire; “années 1980” évoquera walkman, arcade et néons fluo. Cela peut être très utile pour poser une scène ou adapter des références.
- Projection futuriste : court terme (≤ 1 an), moyen terme (2–5 ans), long terme (≥ 10 ans) – selon qu’on veut extrapoler proche ou lointain. On peut aller jusqu’au futur spéculatif ou à l’uchronie complète. Par exemple : “Imaginons en 2125, dans un monde où les IA gouvernent… Que se passerait-il si… ?” Les “Et si…” sont de fabuleux prompts de prospective et de créativité car ils libèrent des contraintes du réel actuel.
Ajouter une dimension temporelle rend le contenu plus immersif. C’est un peu la machine à voyager dans le temps de votre prompt. Vous pouvez combiner ça avec un persona pour de la fiction historique (ex : “Adopte le ton d’un chroniqueur du Moyen Âge et raconte l’essor d’Internet”, effet décalé garanti !). Ou dans un contexte prospectif sérieux (ex : “En tant que prospectiviste, imagine le commerce en 2035”).
Le COMMENT / DE QUELLE MANIÈRE est en quelque sorte le panneau de configuration avancée de votre prompt. Une fois le gros œuvre en place (Quoi, Pourquoi, Pour qui, Par qui), c’est ici que vous affinez l’expression pour coller exactement à ce que vous avez en tête. Un style inapproprié peut ruiner une bonne idée (imaginez un rapport sérieux rédigé sur un ton potache ou l’inverse avec un conte pour enfant narré comme un article académique), mais cela peut également permettre des mélanges originaux et créatifs, comme une analyse économique racontée sous forme de fable (La Cigale et le Bitcoin), ou une présentation de stratégie marketing construite comme un scénario de film de braquage (« Objectif : détourner l’attention des concurrents, infiltrer les canaux, repartir avec la part de marché. »). En fixant style et ton, vous donnez vie au texte. En ajoutant des contraintes formelles, vous maîtrisez la sortie. Cela dit, attention à ne pas trop brider non plus car tout est question d’équilibre entre précision et liberté créative laissée au modèle.
En pratique, on utilise le De quelle manière pour imposer un ton corporate à un communiqué (faut que ça sonne pro), ou au contraire un ton humoristique à un texte marketing pour le rendre viral. Ou pour demander un nombre précis de mots quand on a une limite (meta-description SEO de 155 caractères par ex). Ou encore pour spécifier “Réponds en JSON valide” si on attend un format machine. C’est très puissant pour industrialiser les prompts (sorties normalisées) tout en gardant le style adapté à la situation.
Exemple de prompt : « Rédige un rapport d’analyse sur les performances d’un réseau informatique. Adopte un style d’écriture académique et un ton neutre. Respecte la structure classique d’un rapport (introduction, méthodologie, résultats, discussion, conclusion) et utilise un vocabulaire technique précis. Le rapport doit faire environ 1000 mots et inclure des citations de sources vérifiées pour être digne de confiance. »
Ici, on voit la panoplie complète des réglages dans le “De quelle manière” : style (académique), ton (neutre), contraintes formelles (structure imposée, longueur ~1000 mots, présence de citations). L’IA comprend qu’il faut formuler de manière impersonnelle, utiliser le passé composé/imparfait pour la méthodo, présenter des chiffres comme dans un vrai rapport scientifique. On aurait pu ajouter “aucune première personne”, “un formalisme passif”, “pas d’humour”, bref, tout ce qui peaufine le rendu final. Ce niveau de détail assure que la réponse correspondra précisément aux attentes.
6. Gabarit de prompt 5Q
Après ce tour d’horizon, il est temps de passer de la théorie à la pratique. Comment assembler concrètement ces 5 axes en une formule de prompt élégante ? Voici un gabarit générique 5Q, que vous pouvez réutiliser et adapter à l’infini. C’est littéralement la checklist finale avant de soumettre votre requête à l’IA :
QUOI : [type de contenu + média]
POURQUOI : [intention principale]
PAR QUI : [persona + 3–4 adjectifs pour son style]
POUR QUI : [segment de public cible]
DE QUELLE MANIÈRE :
– style d’écriture : […]
– ton : […]
– contraintes formelles : […]
– style graphique (pour un visuel) : […]
– temporalité : […]
Une fois ces éléments définis, il suffit de les transformer en une instruction rédigée pour l’IA. Par exemple, en français courant cela peut donner :
« Produis [QUOI] dont l’objectif est de [POURQUOI], à destination de [POUR QUI]. Rédige-le comme le ferait [PAR QUI], avec un style [style d’écriture] et un ton [ton], en respectant les contraintes suivantes : [contraintes formelles + style graphique/temporalité]. »
Il s’agit d’une trame et libre à vous de la moduler, d’inverser des morceaux (parfois on préfère mentionner le public cible plus tôt, ou le rôle en fin) et il n’est pas toujours indispensable de faire figurer les 5Q dans votre prompt, certaines requêtes rapides auront un résultat satisfaisant avec 2Q alors qu’une demande complexe nécessitera absolument les 5Q.
Supposons que vous vouliez un prompt pour comparer deux solutions logicielles afin de prendre une décision. En utilisant le gabarit, vous remplissez :
- QUOI : un tableau comparatif (format texte tabulaire),
- POURQUOI : décider entre deux solutions logicielles (intention décider/arbitrer),
- PAR QUI : consultant en stratégie, analytique et pragmatique (persona orienté décision, qui parlera de ROI, etc.),
- POUR QUI : dirigeants d’entreprise pressés (cible décideurs, donc synthétique),
- DE QUELLE MANIÈRE : style d’écriture professionnel, ton neutre, contrainte mettre en évidence pour chaque option les avantages, inconvénients et coûts, puis conclure par une recommandation claire.
En langage naturel, cela devient par exemple :
« Produis un tableau comparatif clair et structuré dont l’objectif est d’aider à prendre une décision stratégique entre deux solutions logicielles. Ce contenu est destiné à des dirigeants d’entreprise.
Rédige-le comme le ferait un consultant en stratégie analytique, structuré et pragmatique, avec un style professionnel et un ton neutre.
Le tableau devra présenter côte à côte les deux solutions avec leurs avantages, inconvénients et coûts, suivi d’une synthèse finale recommandant l’option la plus adaptée. »
Avouez que présenté comme ça, le prompt a fière allure ! L’IA, avec une telle instruction, sait précisément quoi faire et dans quel esprit le faire.
Au-delà de l’outil, cette méthodologie est aussi un référentiel pour comparer les comportements de différentes IA sur les mêmes combinaisons de 5Q. Par exemple, vous pourriez tester un même prompt 5Q “Article informatif par un professeur pour des étudiants, style neutre” sur ChatGPT, Gemini et Claude afin d’observer les variations. La méthode fournit en effet un cadre stable pour de telles expérimentations.
La méthode 5Q est votre grammaire avancée de pilotage de modèles. Elle marie le bon sens des journalistes de jadis avec la finesse technique des prompt engineers d’aujourd’hui. En posant ces cinq questions à chaque fois, vous vous assurez de ne rien laisser au hasard. De la vision stratégique, jusqu’aux détails d’exécution, tout est pensé en amont, limitant ainsi les itérations correctives. Bien sûr, la créativité reste de mise car ce cadre n’est pas une cage, mais plutôt un exosquelette qui vous rend plus fort. À vous maintenant de jouer avec les combinaisons, d’enrichir ce système, d’y ajouter vos propres ingrédients secrets. Les combinaisons possibles sont infinies, car dans l’art du prompt comme ailleurs, chaque réponse soulève de nouvelles questions et il est maintenant temps pour vous de passer à l’action et d’expérimenter. Alors, bon voyage au pays des possibles !